1 heure 30, 2 heures, 3 heures, 4 heures, 5 heures, 6 heures, la nuit avait envahi ma chambre depuis quelques heures et je restais la, les yeux grands ouverts, n’arrivant pas à trouver le sommeil malgré les journées longues et difficiles qui s’accumulent, mais il est vrai que quelques heures plus tôt j’avais reçu un appel téléphonique…
19 heures, nous sommes en réunion du Comité du Gard d’athlétisme, je n’ai pas arrêté mon téléphone, quand un coq se met à chanter au milieu de notre assemblée… Cet un appel téléphonique, gêné je me déplace au fond de la salle pour écouter mon correspondant, c’est Hélène qui m’appelle « René j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer Jean est mort c’est Stéphan son fils qui vient d’appeler pour annoncer son décès » Stupeur, Jean SABATIER avec qui j’avais conversé à la course de pentecôte à Anduze vient de faire un grand pas vers l’inconnu.
Quelques jours plus tôt, le 18 juin exactement, Jean m’avait annoncé à Anduze avoir été victime d’un accident cardiaque, je n’en savais rien, nous n’en savions rien, car peu nombreux étaient ceux qui avaient su. Je me souviens de ses paroles « à présent je vais mieux » m’avait il dit « dans quelques jours je vais rentrer à la maison, certainement à la fin du mois » pensait il !
Mais voilà la mort a été plus forte que son envie de retrouver son jardin et son potager à St Martin de Valgalgues, et durant cette nuit je ne peux m’empêcher de penser à lui.
C’est vrai qu’avec Jean nous avons fait un long chemin ensemble, c’est incontestablement l’homme qui a le plus marqué l’athlétisme sur Alès.
Présent à l’ACA depuis 1977, il est resté fidèle à l’athlétisme jusqu’à la fin, il y a quelques mois en arrière nous retrouvions encore sa silhouette sur le stade Raphael Pujazon auprès des jeunes athlètes de l’ACA malgré ses 81 printemps, il avait le sport chevillé en lui.
Chez lui en feuilletant ses nombreux albums photos et en écoutant ses conversations nous apprenions petit à petit comment l’homme était arrivé un jour à courir, il était fier de ses récits car il avait côtoyé durant sa jeunesse des grands qui ont laissé une empreinte indélébile sur notre sport et certainement sur son engagement… Parmi ces grands noms il y avait son copain sorti de la mine comme lui, sorti de Rochebelle comme lui, Raphael Pujazon, le grand Raphael, il y avait aussi Alain Mimoun un autre grand qu’il a rencontré au milieu des pelotons du temps de sa jeunesse et Jules… Ce Jules en question c’est Jules Ladoumègue, un athlète hors norme qui lui a mis le pied à l’étrier, alors que jeune il ne pensait qu’à frapper dans un ballon sur un terrain de football. Un jour alors que sa popularité était à l’image de son immense talent, Jules Ladoumègue était venu sur Alès faire une démonstration à la mi-temps d’un match de foot, Alès jouait à l’époque en 1ère division, et la rencontre se faisait au stade de la prairie. Pour lui donner le change quelques jeunes avaient été sollicités… « Jean, toi qui galope sur un terrain de foot est ce que cela te dis de courir ? » aussitôt dit, aussitôt fait, notre Jeannot se met en piste, au côté de Jules, nullement impressionné… Après quelques tours rondement menés, il ne restait plus qu’un seul survivant accroché à la foulée de Jules, et oui c’était Jean… A la fin de son exhibition Jules Ladoumègue en tapant sur l’épaule de Jean lui dira « jeune homme tu perds ton temps à jouer au ballon, fais de l’athlétisme ! » un conseil qu’il suivra pendant quelques années sous les couleurs du CAMA (Cercle Amical des Mineurs d’Alès).
Quelques jours plus tard ça tombe bien il y a le tour pédestre de Cendras, il s’inscrit, il court, il gagne, sa première victoire… Durant des années il va accumuler les premières places que ce soit sur route, en cross ou sur la piste : tour pédestre de Marseille, Aix en Provence, Aigues Mortes, Beaucaire, Alès, Nîmes, les cross d’Aubagne, Avignon et j’en passe et des meilleurs car notre homme est boulimique il aime gagner…
Trop jeune pour avoir connu cette période, je garde de Jean ce formidable enthousiasme dont il faisait preuve sur le terrain, je me souviens de son arrivée à l’ACA il y a presque 35 ans, c’est dans ces moments là ou ont juge à quel point le temps passe vite.
Durant ses longues années, principalement tournées vers les jeunes, il en aura entrainé, encouragé des athlètes dont certains gardent de lui un souvenir presque paternel.
Kévin Paulsen portera le maillot de l’équipe de France après avoir débuté au côté de Jean, c’était pour lui une fierté !!! Une fierté aussi d’avoir eu à ses côtés toute la tribu des « Ouddane » et Harold Brunetti et tant d’autres qui ont donné tout ce qu’ils avaient pour faire plaisir à l’entraineur.
Je garde de lui aussi ce putain de caractère, qui a marqué de son empreinte son long passage sur notre athlétisme alésien et gardois. Beaucoup se sont frottés à Jeannot et beaucoup ont été piqués en retour, il n’avait pas un caractère à se laisser marcher sur les pieds… par contre il avait un cœur en or et il était capable de se couper en quatre pour faire plaisir ou pour venir en aide !
Je me souviens le jour ou l’ACA lui a tourné le dos en 1991, il ne s’est pas mis à pleurer, à geindre sur son prochain, à écrire à tord et à travers, il a créé un autre club sur Alès l’ECMS, car notre homme avait du caractère, un sacré caractère, un caractère de battant !
Il reviendra quelques années plus tard à Alès Cévennes Athlétisme, car la gestion d’un club lui était devenue trop lourde, et jusqu’à la fin il aura été sur le terrain, j’en veux pour preuve ce samedi 18 juin, sur le Plan de Brie à Anduze ou il avait demandé à Claudy Benoît une chaise pour être au plus prés des courses des enfants, car c’est au milieu de la jeunesse qu’il se sentait bien.
Oh enfants du paradis, attention Jeannot arrive, si vous aimez courir il vous accompagnera dans votre quête de victoires, mais attention quand il parle, il faut faire silence !
Si par hasard il vous arrivait de ne pas être attentif vous auriez des points en moins et à la fin de l’année c’est important !
Jeannot était né le 17 novembre 1929 à Alès, il aurait fêté cette année ces 82 ans.
En discutant à Anduze il se faisait un plaisir de marier en août "le petit" de la famille Stéphan, ce sera un mariage champêtre tout est prévu, m’avait il dit !!!
Malheureusement le destin en a décidé autrement, Jean est parti… Il laisse derrière lui ses 3 enfants et son épouse Yvette auprès de qui il est resté durant de longues années.
A Yvette, à ses enfants et petits enfants, j’adresse toutes mes plus sincères condoléances, comme eux je suis dans la peine car je viens de perdre une personne qui m’était cher.
Les obsèques de Jean se dérouleront vendredi à 16heures, en l’église de St Martin de Valgalgues.
SAINT-MARTIN-DE-VALGALGUES, MARTIGUES, LECANNET-DES-MAURES
Mme Yvette SABATIER, née POLGE, son épouse ;
M.et Mme Jean-Marc SABATIER,
leurs enfants et petits-enfants ;
M.et Mme Jacques et Régine GERMAIN, leur fille ;
M.Stéphan SABATIER et sa compagne, Pascale ;
M.et Mme Jean et Camille SIMONSIC ;
M.et Mme Pierre et Reine THALMANN ;
parents, alliés et amis
ont la douleur de faire part du décès de
Monsieur Jean SABATIER
survenu à l'âge de 81 ans
La célébration aura lieu ce vendredi 24juin 2011, à 16heures, en l'église de Saint-Martin-de-Valgalgues, suivie de l'inhumation au cimetière de Saint-Martin.
La famille remercie par avance les personnes qui s'associeront à sa peine.