Pascal PICH, pour ceux qui ne le connaisse pas, a élu domicile sur notre beau département du Gard, il est entre autre un des organisateurs des 10 km de Garons qui se déroulent chaque année en fin janvier.Pascal est un athlète d'une quarantaine d'année, il a découvert le Triathlon il y a bientôt 20 ans et cette discipline lui colle à la peau.
Athlète complet, sa force de caractère est égale à sa gentillesse, vous allez découvrir en lisant le résumé ci dessous qu'il est un athlète hors du commun.
Du simple triathlon, que nous connaissons tous, il a franchit des paliers, pour arriver à présent à boucler l'impensable, c'est à dire d'enchainer un Iroman (3,8 km en natation, 180 km en vélo est un marathon 42km195 en courant) un nombre de fois considérable.
Vous trouverez ci dessous un résumé du DECA Ironman de VIDAUBAN (France) qui vient de se dérouler entre le 10 et le 24 juin.
Je vous invite également à aller visiter son site ici
Le déca Ironman est l'épreuve la plus exigeante de l'ultra triathlon. Au programme, 38 kilomètres de natation / 1800 kilomètres de cyclisme et 423 kilomètres de course à pieds.
J'avais fait mon objectif principal de cette épreuve.
Malheureusement, plus encore que toutes autres distances, le déca n'est pas une science exacte, et la forme physique ne suffit pas toujours à une grande réussite !...
Dimanche matin, la tension est à son paroxysme. La course va être longue et difficile. Le soleil est déjà très haut dans le ciel Vidaubanais et il va faire une chaleur étouffante dans le bassin où l'eau est déjà à 27°. Carole et moi sommes seuls pour ce début de course, puisque mes autres assistants n'arriveront que lundi ou mardi. Elle est un peu tendue, mais j'ai entière confiance en elle et je sais qu'elle s'en sortira très bien.
9h00, le départ est donné. D'entrée, je mets les watts et prends un peu de distance. Nous avions décidé avec Fabrice Lucas, également excellent nageur, de prendre quelques relais et ainsi nous économiser pour la suite des évènements. Je passe aux 100 mètres en moins d'1'10''. Derrière il n'y a déjà plus personne. Je décide de ne pas ralentir et de laisser parler ma forme du moment.
Après 1h, j'ai nagé 4500 mètres. Derrière le ménage est déjà fait ! Je continue tranquillement ma progression, mais comme mes camarades, je souffre de la chaleur. Mohamed cogne dur et avec la combi, ce n'est pas idéal à gérer.
De son coté Carole va mieux, car Lydie, Christiane de l'Association HARMONY de Vidauban, sont venues lui donner un coup de main. Durant ces 12 jours elles seront là en permanence, ainsi que Freddy et Didier.
Maryse et son mari passeront également sur site tous les jours pour m'apporter leur soutien.
Je sors de l'eau en 11h22' après avoir fait 50 mètres de rab car les officiels avaient « oublié » de m'arrêter. Fabrice Lucas sortira environ 10 minutes plus tard.Je prends mon temps pour me changer, me sécher les mains et les pieds qui sont explosés par cette longue trempette, et manger un peu quelque chose de chaud et consistant.
C'est second que j'entame l'épreuve cycliste, puisque Fabrice n'a pas pris le temps de se poser, et pour cause, il pensait que j'étais déjà parti !
L'épreuve vélo est très très difficile. 1800 kilomètres sur un parcours de 5.1 Km, très technique avec une belle bosse d'environ 500 mètres. Le revêtement est pourri et un vrai tape cul.
Je reprends rapidement la tête, mais pour ma part j'ai décidé de dormir 2h dans la nuit. Fabrice ne dormant pas, il reprend automatiquement la tête.
De mon coté, je fais une course d'attente. Kim, un extra terrestre venu du Danemark a pris les commandes de la course et fonce comme un jobard. Je laisse faire pour ne pas rentrer dans ce jeu et risquer d'exploser. La route est longue et une bonne gestion de l'effort s'impose.
Tout va pour le mieux jusqu'aux alentours du kilomètre 900. Au réveil de ma pause de 2h, je m'aperçois en mettant mon cuissard, que j'ai une boule de la taille d'une orange sous la fesse gauche. C'est très douloureux au toucher et j'appréhende le moment où je vais me poser sur la selle. J'avais raison, car impossible de se poser ! Nous faisons appel à un médecin, mais il semble que la course en soit dépourvue ! il me semblait pourtant que c'était obligatoire ? Affaire à suivre !
Je décide donc de percer cet appendice qui me pose problème. Grand moment de douleurs mais également de rigolade avec Bruno, l'ostéopathe qui m'assiste dans cette intervention. Finalement je ne sors rien de là dedans ! Bruno décide alors de drainer ce furoncle, puisque c'est de cela dont il s'agit. Gros moment de transpiration assuré (voir photo) puisque la manoeuvre consiste à écraser le furoncle contre l'os de manière à permettre aux cellules de se libérer et donc de mieux respirer. Je ne recommande à personne ce passage. Un médecin viendra ensuite pour ponctionner quelque peu, mais sans grande réussite car ce mal n'est pas encore arrivé à maturité. « Comptez 8 à 10 jours » me dira t-il !
Comment vais-je pédaler et effectuer les 900 bornes qu'il me reste ?
Et bien ce sera en danseuse ! Et là, grosse galère, car je souffre et je roule comme une tortue. Tout le monde me passe et c'est très difficile moralement. Grosse leçon d'humilité à ce moment là de la course. J'étais en embuscade à la 3e place, je me retrouve 8e à regarder les autres passer sans pouvoir m'asseoir sur ma selle. A moins de 200 Km de la fin de l'épreuve cycliste, j'ai une lubie. Pourquoi ne pas adapter une plaque de mousse sur la selle qui permettrait au moins de s'asseoir de temps en temps et de retrouver un pédalage plus rond. Bernard mon coach, bidouille ce système qui permet de me soulager pour les derniers kilomètres.
Je termine cette épreuve usé et fatigué à la 8e place. Devant, Fabrice a laissé la tête à Kim et Christophe LLamas l'organisateur pointe en 3e position.
En attaquant la course a pieds, je me dis que j'ai mangé mon pain noir et que je vais peut être enfin pouvoir m'exprimer à ma valeur réelle. Bien que je sois maintenant loin de la tête, tout reste possible, puisque Kim est incapable de courir ayant trop donné à vélo, Fabrice est blessé et alterne course et marche.
J'attaque donc la course a pieds sans complexes. D'entrée je frappe fort et devant on se pose des questions. Si je continue comme cela, je vais tout exploser et il ne serait pas exclu que je rentre sur la tête.
Mon premier marathon est couru en 4h15, le second en 4h30 car Bernard m'a demandé de lever le pied et de marcher tous les 3 tours sur une distance de 200 mètres environ. Je me régale ! je ne souffre pas, je n'ai pas mal aux pattes et c'est un vrai plaisir que de courir comme cela. Carole jubile ! je vois dans ses yeux la satisfaction de me voir enfin évoluer dans mon registre et à mon niveau d'ambition. Je suis déjà remonté à la 5e place et je me sens prêt à aller déboulonner Martin Schytil (Autriche) qui se trouve à une cinquantaine de tours (788 mètres) de là !
En deux mots, C'EST LA FETE !!
Malheureusement le sort en aura décidé autrement, car à la fin du 3e marathon (4h30) mes pieds explosent en vol !
Ampoules à l'avant, à l'arrière et le pire, une ampoule située sous le talon, entre l'os et la corne. Impossible de la percer !
Bernard usera de toutes ses connaissances pour trouver une solution à ce problème, mais cette fois, rien n'y fera. Il me reste 7 marathons à courir et me voilà handicapé. IMPOSSIBLE de courir ! C'est catastrophique et je craque !
L'envie d'abandonner m'envahie. Je n'en peux plus et je suis dégoûté. Les avis sont partagés. Certains pensent que je dois déposer les armes, et d'autres pensent que l'esprit d'un ultra est de toujours aller au bout, quelque soit la souffrance à endurer.
Carole, saura alors trouver les mots. Entre me secouer et me réconforter, elle aura les mots justes et me donnera la force de me battre et de souffrir en silence. Pour ELLE, j'irai au bout de cette galère, car elle mérite que je me mette à l'envers pour elle.
Carole est toujours là pour moi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Elle m'a donné la force de me remettre au sport en janvier dernier et pour elle je me devais de terminer cette épreuve, même si j'avoue que c'est très difficile pour quelqu'un qui la couvre en général en 8 jours, de l'effectuer dans la souffrance en plus de 12 jours.
J'aurais beaucoup appris sur moi-même durant cette épreuve, mais également sur les autres. Même si je n'ai jamais eu de sentiments de supériorité par rapport à mes adversaires, j'ai appris et compris dans quel état d'esprit et avec quelle difficulté pouvaient évoluer les athlètes qui sont souvent bien loin des podiums et qui ont pour seul objectif que celui de se dépasser et d'aller au bout de leurs rêves. Pour cela je souhaite leur tirer un grand coup de chapeau.
Je terminerai en 297 heures et 08 minutes, mains dans la main avec mon ami Olivier ZEITER, jeune Suisse de 32 ans pour qui c'était le premier déca, après avoir marché durant 3 ou 4 jours sous le cagnard à 45°. Moi qui adore la chaleur, j'avoue que là j'ai été servi !
La saison n'est pas terminée, et après une telle déception, je ne peux que rebondir et me motiver à nouveau pour la suite de mes objectifs.
La devise de mon régiment à repris toute sa grandeur durant cette épreuve et m'a également poussé à aller de l'avant.
« Même si tu as tout perdu, Souviens toi qu'il te reste l'honneur à sauver ! »
Contacts :
Pascal et Carole :
04.66.59.15.37 & 06.22.90.65.21