J’ai repris la course à pied depuis 18 mois et petit à petit au fil des courses, je me sens de plus en plus à l’aise. Les conseils très précieux du président Paul lombard m’ont permis de durcir mes entraînements. Après une bonne saison, il fallait que je passe non pas à un défi, mais à quelque chose de plus dur en respectant nos enseignements de club : progresser selon ses capacités et ses moyens.

Tous les ans, mon frère cycliste amateur fait la montée du Ventoux et je me suis dit pourquoi ne la ferais-je pas avec lui mais en courant ? Nous avons donc fixé la date du 14 Juillet avec beaucoup de réflexions et de questions derrière car cela représente quand même 19km d’ascension et comme je ne voulais pas partir directement en côte, il me fallait rallonger cette distance avec 2à 3km de plat pour m’échauffer. Deux jours avant nous sommes allés reconnaître les lieux pour bien détailler notre action et fixer le point de notre départ.

Le jour ‘J’, j’avais un peu le moral dans les chaussettes, ce gros nœud à l’estomac commun à beaucoup de coureurs le jour d’une compétition, en fait j’étais assez tendu et pourtant il n’y avait aucun enjeu seulement cette pensée de me dire est-ce que je vais réussir ? 

Il est 11h30, et seul coureur au milieu de quelques cyclistes, je m’élance depuis la cave coopérative de Bédoin.

Début assez tranquille en descente jusqu’à l’entrée de Bédoin, mais les difficultés sérieuses allaient commencer à la sortie du village. Un couple de cyclistes Belges m’a encouragé pendant quelques centaines de mètres en m’accompagnant jusqu’au panneau 19km. Là, ils m’ont laissé et je me trouvais seul face au Ventoux.

Tout allait bien et je me sentais très à l’aise contrairement au départ, alors j’ai pris mon rythme réfléchi sachant que les choses allaient se durcir rapidement en prenant le virage de St-Estèves. Il faisait chaud environ 25° avec une montée assez ombragée. Les kilomètres passaient et je me sentais toujours bien. Au 10^ème Km mon bidon était presque vide. Au 13^ème km, il me restait qu’une gorgée d’eau mais je devais boire et heureusement mon ravitailleur est arrivé.  Je savais maintenant qu’il me fallait aller jusqu’au bout, la présence de quelques vélos m’aidait beaucoup.

J’avais hâte d'atteindre le chalet Reynard et ce fameux paysage lunaire. Ce fut chose faite et il me restait 6km à parcourir pour franchir le sommet mais en plein soleil.

Depuis que j’étais parti, je sentais bien que même avec le soleil, il faisait plus frais, et je commençais à avoir les jambes raides. Le sommet se dessinait et derrière avec tous ces lacets à monter avant de l’atteindre. Les derniers kilomètres ont été très dur car à environ 3km du sommet, je voyais tous les vélos qui s’arrêtaient au même endroit, j’ai vite compris pourquoi ; il y avait un passage où le vent glacial soufflait, j’étais obligé de courir avec les mains sur les oreilles ; une fois ce couloir glacial  passé plus rien ne pouvait m’arrêter surtout que je voyais mon frère, qui lui étant parti 30’ après moi arrivait dans  mon dos. Nous avons franchi le sommet à quelques secondes l’un de l’autre. Notre montre indiquait 15h50 et la température était de 8° avec des rafales de vent. Cela m’importait plus, je venais de réaliser mon premier exploit et cela grâce aux conseils précieux recommandés par Paul.

Le maillot de la Foulée Bellegardaise a franchi le Mont Ventoux et j’en suis fier.

Le 26 Octobre, toujours avec les conseils de Paul, j’ai participé à mon premier Marathon à Toulouse.

Eric RAVE